Pour moi le parfum est un art, qui touche directement aux émotions.
Une odeur peut instantanément nous attirer, ou bien au contraire nous repousser ; mais avant tout le parfum nous parle.
Dans ma courte vie, j’ai pu déjà sentir et mémoriser un grand nombre de créations, et certaines d’entre elles m’ont particulièrement touchées. Sur l’instant, le courant est passé, et je continu de le ressentir à chaque fois que je les porte à mes narines…
Antaeus de Chanel : le parfum de mon père, la senteur de mon enfance…Mon père est fidèle à ce parfum depuis plus de 30 ans, je l’ai toujours connu. Rassurant et symbole de masculinité suprême, la peau de mon père est mate, donc chauffe la fragrance ; elle en ressort ronde et suave.
C’est un aromatique cuiré, qui s’épanouie et change beaucoup en fonction des peaux.
Il s’ouvre sur un duo lavande / sauge frais et épicé, puis on ressent la force du cyste et du patchouli exotique.
Une fragrance inspirée de la mythologie et crée pour évoquer le contraste entre la virilité d’un dieu Grec et la sensibilité du cœur des hommes.
N°5 de Chanel : Le parfum de ma mère. Symbole pour moi de l’amour maternel, ces notes me rassurent et m’entourent par leurs accents doux et poudrés.
Crée par Ernest Beaux pour la première création parfum de la maison Chanel, le N°5 est entré dans l’histoire en 1921.
« Un parfum de femme à odeur de femme », une fragrance jamais vu auparavant car construit d’une multitude de notes fleuries et aldéhydées, qui mêlent matières naturelles et de synthèse, en pleine époque des parfums soliflores.
Aujourd’hui, il existe plusieurs concentrations (eau de toilette, eau de parfum, extrait…), des gammes sensorielles (lait pour le corps, gel de douche, brume cheveux…) pour être N°5 de la tête aux pieds…
Jacques Polge lance en 2008 l’Eau Première, une réinterprétation plus lumineuse ; puis son fils Olivier Polge ajoute encore un peu plus de modernité et de fraicheur avec N°5 l’Eau.
Cette dernière est particulièrement réussie, mais l’Eau de Parfum originale reste ma préférée.
Un bouquet fleuri de rose de mai, d’ylang-ylang des Comores et de jasmin, soutenu par des aldéhydes puissants et de la vanille pour rendre la fragrance complètement addictive.
Les aldéhydes sont des molécules de synthèse qui apportent force et relève la construction d’un jus ; un peu comme la pointe de fleur de sel apporte ce « petit plus » à un fondant au chocolat.
Le parfum de Thérèse, par Edmond Roudnitska aux éditions de parfum Frédéric Malle : le coup de foudre. Que s’est-il passé ? J’en ai aucune idée.
Mais je l’ai porté à mon nez et là… la révélation. « Il est fait pour moi », c’est ce que je me suis tout de suite dit.
La fragrance reflétait tout ce que j’aimais le plus dans un parfum : force, chaleur, rondeur, sensualité, opulence, féminité…
L’accord fruité assez inédit de melon et de pruneau apporte la touche moelleuse et addictive, tandis que la féminité explose avec la rose et le jasmin. Le vétiver et le patchouli nous offre l’intensité.
La déclaration d’Edmond Roudnitska à sa femme Thérèse, qu’elle portera pendant près d’un demi-siècle, avant que la création ne soit commercialisé sous les éditions de parfums Frédéric Malle.
Santal Royal chez Guerlain, un des parfums les mieux construit de l’histoire de la parfumerie…
Difficilement trouvable en dehors des grands magasins parisiens et, bien évidemment, de la boutique Guerlain Champs Elysées, il fait partie de la collection des Absolus d’Orient.
Au départ, la ligne comprenait seulement trois fragrances (Santal Royal, Oud Essentiel et Musc Noble). Aujourd’hui, on peut découvrir les trois petits derniers ; Cuir Intense, Encens Mythique et Bois Mystérieux.
Ces créations sont à partager, ils ne sont pas plus adaptés pour homme que pour femme ; c’est réellement une mise en beauté de la matière première du même nom que le parfum.
Santal Royal est mon favori ! Hyper bien construit, on y découvre un Santal complètement dingue, chaud et sec en même temps, au sillage prenant et addictif. La tenue est exceptionnelle et l’on me demande sans cesse ce que je porte …
Le bois de Santal est une des matières les plus rare et les plus chère de la parfumerie, ce qui rend la création encore plus précieuse.
Sa douceur ronde s’explique par un riche bouquet fleuri de rose et de jasmin, sans oublier le néroli pour la touche archi orientale.
Puis les bois de santal et de oud explosent en fond, animés par la chaleur du musc et des notes ambrées ; le résultat est maitrisé, le parfum le plus envoutant que je connaisse.
Pearl Oud de la maison ByKilian : Douceur, puissance et souvenirs d’enfance…
Un travail autour du bois de oud encore jamais vu auparavant.
J’ai un rapport affectif avec ce parfum ; lorsque je l’ai porté à mes narines la première fois, j’ai voyagé 10 ans en arrière, dans les souvenirs familiaux de mon enfance. La maison de vacances, ma grand-mère, les vieux meubles en bois poussiéreux et l’odeur de renfermé qui annoncent les vacances du mois d’août en famille, tout était là, intact…
Il m’a directement touché au cœur, et c’est pour moi le reflet d’une belle création.
Le parfumeur Christiano Provenzano nous offre un panel de notes aux facettes multiples et à l’évolution folle sur peau.
Un cœur fleuri de jasmin, de rose turque et d’ylang-ylang, puis de l’iris pour poudrer légèrement la fragrance et avoir un rendu qui colle avec l’énoncé : une belle perle ronde et lisse, presque parfaite.
Enfin, les notes qui amènent l’intensité sont choisies avec soin : safran et poivre noir épicés et secs, bois de oud, patchouli et castoreum pour nous faire voyager en une seul respiration.
Magnifique création, mais est-ce bien raisonnable d’acheter un parfum juste pour le souvenir qu’il nous remémore ?
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